Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Litter à taire
17 septembre 2013

Il empio Macigno (le Roc impérieux)

 

 

   Il empio Macigno où une pièce sans fin au moment où je publie cette première scène…

   Pourtant, son écriture a commencé en 2002, pour être précis, lors de mon voyage de deux semaines à Tréboul-Douarnenez en Bretagne.

   Numériser0002L’idée et les premières scènes me sont venues sur un aplomb de la taille de la scène que je décris, rattaché à la terre ferme par un chemin rocheux assez fin. J’y dominais la baie qui s’étendait devant mes yeux. 

   Cela donnait une vraie impression de solitude et d’isolement. Je me suis alors demandé comment deux personnages sur un tel promontoire auraient-ils pu se débrouiller et de quoi auraient-ils pu parler. J’ai donc commencé à l’écrire là, sur un petit calepin orange. Je jouais même les premiers mots ou je mimais certaines attitudes. Les gens qui devaient passer sur le chemin des douaniers (GR34) devaient me prendre pour un fou !

 Numériser0001  Plutôt que de longs discours, je mets sur cet artiche deux photos représentant une partie de la baie lors de l’équinoxe d’automne et bien sûr ce rocher qui m’avait inspiré cette pièce tel que vu du chemin.

   Cette pièce emprunte vraiment aux pièces de Samuel Beckett évidemment. On y trouve le même type de langage et surtout les mêmes temps, les mêmes respirations. Le sujet en est absurde et le langage porte un discours logique pour les personnages, mais moins pour les spectateurs en apparence. Une chose s'impose vraiment comme une présence, c'est ce roc impérieux et ce qui l'entoure qui figure une vraie menace dans l'intimité des personnages...

Laissons-les d'ailleurs parler !

Il empio Macigno

ou

Le Roc impérieux

 

 

   Un soc rocheux avec quelques mousses et quelques herbes maigrelettes. Une forte impression minérale. La mer autour ? Bruit vague de flots.

   Sur le roc, d’à peine cinq mètres de diamètre, une saillie d’environ un mètre quarante. Pas de quoi se cacher plus de la moitié du corps ; après : précipice. Le roc n’est pas parfaitement droit. Il y a des paliers, des roches, sur lesquels les personnages peuvent reposer, se réfugier et quitter leur état premier pour rejoindre le second, moins mystérieux.

   Deux personnages.

   L’un, couché sur le bord, scrute le précipice ou semble porter une attention particulière à ce qui est en bas.

   L’autre et second est accroupi ou debout, peu importe, à l’autre bout, presque derrière le monticule.

Première scène

 

Le personnage couché, tend le bras vers quelque-chose, soudain excité, hurlant : Là, elles émergent ! Là, hein ?

L’autre personnage : Quoi donc ?

Le personnage couché : Mais quoi ? Là, mais là, tu les vois pas ?

L’autre personnage : Je vois rien...

Le personnage couché se relève et attrape violemment le second : Mais c’est pas vrai ça, tu fais vraiment aucun effort, puisque je te dis qu’elles sont là.

Le second personnage, déçu : Ah ouais, les pyramides ?

Le personnage couché : Mais oui, les pyramides ! Tu vois bien elles sont de nouveau là.

Le second personnage : Hein, hein, elles sont là ! Mais, à vrai dire, je m’en doutais un peu…

Le personnage couché : Ah bon ! Mais pourquoi tu l’as pas dit avant ?

Le second personnage : Parce que… Parce qu’avant, je le savais plus. Tu m’aurais demandé, je t’aurais dit, bah, je sais pas…

Le personnage couché : Attend, tu joues à quoi là ?

Le second personnage : Ah, parce que tu crois que je joues là ? Tu crois que c’est toujours facile, toi, de te contenter avec tes questions-là ? Et puis, tu sais bien la certitude est impossible ici, mais pas le doute – non pas le doute ! –, alors je m’en doutais…

Le personnage couché, les bras ballant : Attend mais tu dérailles ou quoi ? C’est notre vieux rocher qui te tape sur le carafon, parce que, moi, je peux te les remettre tes idées en place, si je veux. Pour moi, c’est pas un problème, t’es un ami après tout et si je peux rendre service, ça peut toujours me faire du bien à moi aussi. Et puis franchement si là, tu les vois pas qui pointent…

Le second personnage : Non, t’inquiète, ça fait simplement trois ou quatre jours que nous sommes là, ça va me revenir. Et puis, j’aime pas cet instant.

Le personnage couché, soudain égayé reprenant sa position du départ, scrute en silence : Moi non plus, je l’aime pas. Elle arrache tout et revient. Les semaines s’écoulent comme ça. Les pyramides reparaissent, mais elles préviennent pas. Mais, putain, ce qu’elles sont belles ! Regarde-les donc !

Le second personnage, se mettant au bord du soc : Ouais, c’est vrai, elles reviennent comme tout ici.

Publicité
Publicité
Commentaires
Litter à taire
Publicité
Archives
Publicité