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Litter à taire
5 novembre 2013

La Main de Dieu était sur moi (3)

   Au moment de s’endormir, Bérenger repensa à la silhouette qui le hantait ; elle était si troublante qu’il en rêva toute une nuit. Il fit trois rêves : l’un irrémédiablement désagréable et dérangeant qui ressemblait aux effluves d’un cadavre, un autre au ton plus plaisant et plus agréable par comparaison au premier. Quant au dernier, qu’il fît après s’être brièvement éveillé dans la nuit noire, il s’agissait d’une de ces visions oniriques que les chimères de la nuit engendrent, une aventure terriblement séduisante dans laquelle la silhouette, en lui faisant miroiter et découvrir un savoir nouveau sur la vie, le troublait outrageusement.

   Le lendemain, dans la matinée, en songeant à tout ceci, il se demanda pourquoi cette forme éthérée sombre avait provoqué un tel tumulte au sein même de son âme. Au retour de son sens cartésien, il conclut à un accès de fatigue et de liesse qui l’avait assurément affecté. Le voyage jusqu’ici avait été dur et il avait perdu l’habitude du grand air de la campagne, qui le grisait comme une bonne bouteille. Vers dix heures, il se décida à retourner aux ruines, elles étaient – décidément – magnifiques.

   Mais, à son grand dam, plus aucune trace de l’ombre. Il conçut qu’il s’était peut-être trompé et après tout, son esprit, qui s’était indubitablement égaré, avait fini par occasionner cette scène de façon subjective. Pourtant « Il » avait l’air si réel ; derrière l’apparence nébuleuse, se trouvait un être charnel et solide. Ses pensées lui occupèrent l’esprit pendant toute la journée. Vers huit heures du soir, il était entrain de prendre une collation lorsque quelqu’un frappa à petits coups la vitre d’une des fenêtres. Bérenger se leva doucement pour prendre le temps de dévisager la personne qui se tenait debout, avec un large sourire, juste devant cette ouverture sur le jardin. Il reconnut un de ses amis d’enfance.

—     Arminius, s’écria-t-il en ouvrant d’un geste large les deux battants de la petite baie, c’est toi ! Quel plaisir de te revoir... Où ai-je la tête ! Viens, entre donc !

   Il se précipita à la porte et l’ouvrit avec délicatesse, il fit entrer son ami. Ils se serrèrent la main et se firent une accolade franche qui montrait l’émotion avec laquelle se retrouvaient les deux jeunes hommes.

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