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Litter à taire
19 octobre 2013

Carnet de Paris III

   C’est au troisième poème que je prends le temps d’expliquer ces Carnets de Paris. Ce sont des sonnets qui ont été tous en partie composés suite à des visites de Paris. J’y allais très régulièrement pour des tas de raisons.

   Je ne sais pas comment je faisais d’ailleurs à l’époque… Les cours de la faculté, le travail à l’I.N.R.A., la radio (les vendredis soirs jusque très tard, voire plus et trois samedis après-midi par mois qui se prolongeaient parfois chez les collègues jusqu’aux dimanches après-midi avec mal de crâne), les réunions associatives, l’écriture, les amis, les balades à Versailles, à Paris, en forêt, les kilomètres de marche… Il est vrai que je me couchais à 2h du matin presque tous les soirs (ou 6h si un exposé n’était pas bouclé ou que j’avais chatté toute la nuit) pour me lever à 7h, qu’entre deux gares, je m’endormais (en cours aussi parfois, j’avoue que j’avais du mal à tenir), que je faisais une sieste entre 18h et 20h, voire 21h. Les journées étaient plus longues et j’avais la force de la jeunesse. Des ressources hallucinantes quand on y pense…

   Bref, ces petites pièces prenaient forme sur un petit carnet que j’avais toujours sur moi, lorsqu’une idée ou un vers me venaient, je les y écrivais. En particulier, dans le métro… Le nom de ces poèmes est donc venu naturellement, Carnets de Paris. Je les retravaillais ensuite à la maison, les complétais. J’imaginais des histoires, comme le Carnet de Paris II où il me plaisait à penser à un Ernest Renan plus sulfureux qu’il ne l’était.

   Souvent, les Carnets décrivent des endroits où j’étais passé, où je m’étais imprégné de l’ambiance. J’aimais Paris surtout en novembre et décembre, lorsqu’il faisait froid et gris et que beaucoup des rues et des quartiers étaient presque désertiques. C’est un peu comme en plein mois d’août, avec la touffeur en moins. J’allais voir les squares, certaines boutiques, des arrières cours, des recoins de rue, je me laissais perdre. Des visites aux Gibert (Gibert Jeune et Gibert Joseph, les deux grandes librairies d’occasion sur Paris), à la Coop Breizh… J’allais voir les fontaines de Beaubourg (qui m’ont toujours fasciné), ma mère m’emmenait les voir quand j’étais très petit et j’adorais ces sculptures colorées. J’étais aussi en quête de fantômes là-bas… Dans le premier sens du terme, parfois. Mais aussi à la façon dont le ferait Patrick Modiano. Et puis, il y avait aussi des rencontres, des discussions avec des inconnus… Les soirs de concerts ou de théâtre, où je prenais un verre de champagne dans un café après les représentations. Puis j’allais à l’hôtel, souvent seul… Le lendemain, un petit déjeuner continental avec vue sur la Seine et je reprenais le train pour aller directement à la fac.

   Les Carnets de Paris, ce sont donc toutes ces ambiances que je mêlais pour en faire des sonnets entre Verlaine, Rimbaud, Musset et Barbara, parfois. Ce n’est pas toujours réussi, mais il y a parfois un petit quelque chose que j’offre à mes littérataires.

 

CARNET DE PARIS III

 

Sur la cathédrale tombe un rayon oblique,

L'île de la Cité charrie l'eau de Paris,

Les charmes des lueurs font défaut aux maris

Ne vendant aux berges que les femmes publiques.

 

Qui nul n'aime se promener sur les beaux quais,

Sur lesquels marchent fiers quelques urbains lémures ?

Et quand, de loin, on voit des vieux thermes, les murs

Nul ne peut-il saluer, des squares les bosquets ?

 

Ou quand de la nuitée, les portes et les marches

Se parent de l'ombre qui chacun assaini ;

Rien ne semble si beau que le moment béni

                                  

Où le regard trouve, quand de partout il cherche,

Perdu dans le tréfonds du changement paru,

Sur la cathédrale, le rayon disparu.

 

                        Entre le 25 et le 26 Janvier 2000

 

Nota : Vous aurez bien remarqué que je m'amusais à glisser quelques jeux de mots pour élargir les sens et renforcer les suggestions déjà proposées par le poème.

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